Mon livre  » Un drôle de Lundi  » au @seuiljeunesse est en librairie.

Gaëlle Farre de la librairie Maupetit :

Qui n’a jamais rêvé de se faire tout petit-petit en un jour tout gris ? C’est précisément ce qui arrive à Nena dans cette histoire-là ! Le temps de quelques jours, Nena va se retrouver fourmi et une fourmi va prendre sa place d’enfant écolière. Tandis que la petite fille devenue insecte tente de s’approprier un quotidien pas franchement marrant offrant bien peu de liberté ; la fourmi devenue fillette est vite confrontée au manque évident de rigueur du genre humain… Jeanne Macaigne revisite avec sa palette et sa fantaisie le vieil adage selon lequel l’herbe serait plus verte ailleurs… Elle a composé des doubles-pages qui permettent de multiples points de vue et les mises en pages variées et dynamiques nous font tour à tour voyager, sourire, rêver… Ainsi, avec ses couleurs pop, Un Drôle de Lundi nous invite avec bonne humeur et bienveillance à accepter celui ou celle que l’on est !

Entretien avec Chloé Mary au sujet de l’album  » Un drôle de Lundi « .

  • Ma première question portera sur l’origine de cette histoire. Comment a-t-elle surgi, d’un rêve fleuri, d’une colère particulière, d’une envie insistante ?

Elle a surgi d’un bond. En déménageant la maison familiale, je suis tombée sur un carton avec mes dessins d’enfant, dont une petite bd qui racontait l’histoire d’une fourmi.  C’était un dimanche et je n’avais pas du tout envie de reprendre l’école, le lendemain, le lundi matin. Mais un désir de m’évader, d’aller loin, très loin. Les dimanche paraissent parfois interminables quand on est enfant, il m’arrivait souvent d’être à mon bureau, soit disant pour réviser mais je n’y étais pas du tout, j’étais souvent ailleurs sur l’arbre, là, derrière la fenêtre, en train de discuter avec un merle.

Je m’en suis emparée de cette histoire pour la développer 25 ans plus tard. Il y a cette idée que petits et grands cohabitent dans la même maison, le même monde, que nous portons en nous chacun des différentes strates de notre vie. Une minute nous avons 5 ans, l’autre 30 ans. Pour tenter de comprendre comment nous sommes faits, on voyage dans ces différents âges. S’éloigner de l’eau, rejoindre la rive un instant et regarder d’un œil brillant ou las ce qui nous a fait. Voilà, c’est ce qui s’est passé au tout début. 

Le personnage de l’histoire, Nena prend la forme d’une fourmi, elle s’échappe dans un autre corps pour mieux rêver, pour explorer d’autres mondes plus petits qu’elle. Changer de peau, qui n’en a pas rêvé. Devenir un bichon frisé et humer les embruns de la mer, rouler de tout poil, et lézarder au soleil. S’extraire de soi-même pour renaître. 

  • Pour être grand, il faut avoir été petit. Il est rare de s’intéresser de manière aussi franche à la question du grandir. Est-ce une interrogation qui t’intéresse particulièrement et a-t-elle toujours été pour toi importante ?

Pour s’élever dans la vie, j’ai l’impression d’avancer à pas de fourmis, parfois comme si tout était à apprendre, comme si je vivais pour la première fois chaque matin, que tout était à connaître et à reconnaître. Le monde vous est familier et il suffit d’un petit bouleversement pour tout réapprendre.

Dans mes livres, je m’adresse à des individus en devenir, ce qui est une grosse responsabilité. S’établit à travers mes livres jeunesse une sorte de conversation secrète, un langage rêvé. Le temps est plus long pour les enfants.

  • Grandir, c’est faire expériences, mais également se mettre à la place de l’autre, s’ouvrir au monde et à ses inconnus. N’est-ce pas ici une dénonciation du monde nombriliste où l’existence ne tourne qu’autour de soi, sans prendre garde aux autres réalités ?

Je dessine et j’écris sur des papiers qui proviennent d’arbres plus hauts et peut-être plus vieux que moi. Alors je crois qu’à ce moment, on est bien peu de chose comme disait la rose. On est entourées de mille vies qui nous traversent, vivantes ou passées. 

Nous vivons dans une époque très mouvante, avec des catastrophes écologiques, économiques et sociales autour de nous. Nous sommes lancées dans un manège à pleine vitesse, où la démocratie est en faillite, et par sécurité, on se replie parfois dans la sphère privée pour sauver ce qui reste. Le nombrilisme répond à une fragilité, un moment où l’on se rassure où l’on redevient bébé, où l’on arrête de grandir. Mais le propre de l’être humain n’est-t-il pas de tenter de comprendre toutes les réalités de son environnement pour s’élever et grandir ? Comment s’adapter dans un environnement complexe et réagir face aux défis de la transition énergétique ? Comment se positionner dans un environnement économique et politique instable ? 

La petite fille Nena et la fourmi en changeant de monde vont se heurter aux différences qu’il existe entre leurs deux mondes, apprendre leur langage, s’adapter ou connaître des difficultés, et en sortir grandies.


 » Un livre sur le sentiment mobile de la liberté d’être soi. Que signifie être à sa place ? Que représente cette place ? Ne faut-il pas toujours être en voyage vers son identité profonde pour exister ? Fuir les jours de pluie passe-t-il par un renoncement à soi ? Où est le chez soi ? Outre ces questionnements philosophiques, deux univers s’opposent et tournent autour de la question du politique, de l’organisation, du collectif et de fait de la liberté individuelle, alors en nuançant chacun des milieux. «